Kazakhstan : Les syndicats demandent des réformes du travail pour faire face aux troubles publics

(Photo: AFP)


Des actions de protestation massives ont éclaté au Kazakhstan le 2 janvier contre une augmentation soudaine et brutale des prix du carburant. Les protestations, qui ont débuté dans la ville pétrolière de Zhanaozen, se sont rapidement étendues à d'autres villes, dont Almaty, la plus grande ville du pays.  


En l'espace de deux jours seulement, les manifestations, d'abord pacifiques, sont devenues violentes, avec de nombreuses confrontations ouvertes entre les manifestants et la police, qui ont fait de nombreux morts et blessés. Les manifestations sont également devenues politiques, les manifestants réclamant des réformes politiques majeures au sein du gouvernement.


Le président kazakh Kassym-Jomart Tokayev a réagi en déclarant l'état d'urgence et a demandé aux pays membres de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), tels que la Russie, l'Arménie, le Belarus, le Kirghizstan et le Tadjikistan, de déployer des troupes au Kazakhstan pour "rétablir la paix et l'ordre". Le gouvernement kazakh a affirmé que les manifestations étaient "infiltrées par des organisations terroristes étrangères."  


Cette affirmation a suscité des critiques de la part de différents secteurs. Ils ont remis en question la légitimité de leur gouvernement à demander le déploiement de troupes étrangères et l'affirmation selon laquelle les manifestations étaient infiltrées par des groupes terroristes.


Le 7 janvier, la Fédération des syndicats du Kazakhstan a exprimé sa vive inquiétude face à la dégradation de la situation de la paix et de l'ordre dans le pays. Elle a exhorté le Président à demander aux forces de sécurité du gouvernement de reconnaître le droit de la population à manifester et à faire preuve d'un maximum de tolérance. Elle a également demandé au gouvernement de préserver l'état de droit. D'autres syndicats ont fait écho à l'appel de la fédération. Ils ont pointé du doigt les bas salaires des travailleurs, la violation des droits du travail et l'absence de dialogue social constructif comme les principales causes de l'agitation publique. Ils ont appelé le gouvernement à mettre en œuvre immédiatement une série de mesures pour répondre aux malheurs des travailleurs :


  • Réformer du système salarial, de la législation du travail et des syndicats, préservation et création de nouveaux emplois, et renforcement des réglementations étatiques et publiques sur le respect du droit du travail.

  • Ratification urgente des conventions de l'OIT n° 131 sur la fixation des salaires minimums et n° 102 sur les normes minimales de sécurité sociale.

  • Instauration d’un véritable dialogue social entre le gouvernement, les groupes d'employeurs et les travailleurs en réformant le système de partenariat social et en adoptant une nouvelle loi sur le partenariat social.

  • Renforcement du rôle des institutions de la société civile.

Au cours des deux dernières décennies, le Kazakhstan s'est vanté d'avoir l'une des économies les plus performantes d'Asie centrale, principalement grâce à sa production de pétrole et à sa part de 40 % des ressources mondiales en uranium. Cependant, les syndicats ont expliqué que la soi-disant croissance économique du pays ne s'est pas répercutée sur les travailleurs, dont beaucoup reçoivent des salaires inférieurs à 100 USD par mois.


La corruption à grande échelle est également un problème clé dans le pays. En 2012, le Forum économique mondial (WEF) a cité la corruption comme le principal obstacle à la réalisation d'affaires dans le pays. La Banque mondiale (BM) a également classé le Kazakhstan parmi les points chauds de la corruption.