L’IBB sur l'assassinat de neuf militants aux Philippines

L'IBB, qui représente douze millions de travailleurs de 350 syndicats dans le monde entier, exprime son inquiétude et sa préoccupation quant à la détérioration rapide de la situation des droits de l'homme aux Philippines, comme en témoigne le meurtre de neuf militants aux mains des forces de l'Etat, le 7 mars.


Les rapports que l'IBB a reçus de nos affiliés et partenaires philippins sont extrêmement déconcertants. Surnommés "dimanche sanglant", les militants, dont certains sont des syndicalistes, auraient été tués lors de raids menés conjointement par l'armée et la police dans les bureaux et aux domiciles des victimes, deux jours après l'ordre du président Rodrigo Duterte de "tuer tous" les "communistes" et mettre de côté les droits de l'homme. La direction de la police nationale a affirmé que les raids étaient légitimes, mais n'a offert au public aucune explication sur les détails et les circonstances qui ont conduit à ces meurtres.  


Nous nous joignons à nos affiliés et partenaires syndicaux aux Philippines pour exprimer notre profonde consternation face à l'indifférence des forces de police face à la demande de transparence du public. Son manque d'ouverture et de sens de l'urgence sur cette grave question est synonyme d'impunité. L'IBB appelle le gouvernement philippin à mener une enquête rapide, indépendante et impartiale sur cet incident. Il ne suffit pas que ses forces de sécurité prétendent que les raids étaient légaux, tout en laissant la population dans l'ignorance de ce qui s'est réellement passé lors de ces soi-disant raids.  

Nous demandons également au Secrétaire philippin au Travail, Silvestre Bello, de convoquer immédiatement une réunion de coordination avec le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales (DILG), le Ministère de la Défense Nationale (DND), le Ministère de la Justice (DOJ), la Police Nationale Philippine (PNP) et les Forces Armées des Philippines (AFP), afin d'appliquer strictement et sans conditions préalables les "directives" qu'ils ont acceptées sur l'exercice des droits et des activités des travailleurs.

 

En outre, nous appelons le président Duterte à ouvrir les portes de son gouvernement à une mission de haut niveau de l'Organisation internationale du travail (OIT) pour enquêter sur le meurtre de plus de 50 syndicalistes sous son mandat. En tant que membre de la communauté mondiale, le président Duterte a l'obligation de protéger les travailleurs contre les abus de l'État et de s'engager à respecter les normes internationales en matière de droits de l'homme.  


Enfin, nous appelons la communauté internationale, en particulier le mouvement syndical mondial, à continuer à élever la voix sur le déclin de la démocratie et des droits de l'homme aux Philippines. Les syndicats mondiaux doivent intensifier la pression internationale pour que le gouvernement Duterte abandonne sa gouvernance autoritaire. La démocratie exige la solidarité. Et la démocratie signifie la solidarité avec ceux à qui elle est refusée.