Le Conseil des syndicats mondiaux (CGU) - représentant plus de 200 millions de travailleurs de l'ensemble de la Confédération syndicale internationale (CSI) et des fédérations syndicales internationales, y compris le Comité consultatif syndical auprès de l'OCDE - condamne sans réserve la suspension de la législation du travail par certains États indiens pendant la crise COVID-19.
Au moins six États indiens ont adopté des lois allongeant les heures de travail des 8 heures par jour actuellement prescrites à 12 heures par jour, ce qui permettra aux entreprises d'étendre le quart de travail quotidien d'un ouvrier à 12 heures par jour, six jours par semaine (72 heures) .
La suspension des lois du travail qui protègent les principes et droits fondamentaux au travail, y compris la protection contre la violation des principes de la liberté syndicale et du travail forcé et obligatoire n'a aucun mérite, et exposera les travailleurs à des préjudices, des abus et des mauvais traitements et violera également les obligations du gouvernement Indien en vertu des normes internationales du travail.
Le mouvement syndical international soutient sans réserve les syndicats centraux (UTC) pour une action à l'échelle nationale le 22 mai 2020 pour s'opposer à la suspension des lois et protéger la sécurité, les droits et le bien-être des travailleurs et des citoyens indiens pendant cette crise.
Pour les travailleurs, ces violations se produisent à la suite d'une série alarmante d'attaques contre les droits de l'homme et les syndicats en Inde, ainsi que des violations flagrantes des droits des travailleurs, y compris le non-paiement des salaires. Nous sommes profondément préoccupés par le fait que le gouvernement fera adopter une législation régressive du travail sous le couvert de mesures liées à COVID-19, comme en témoigne l'abrogation de la loi de 1979 sur les travailleurs migrants (réglementation de l'emploi et des conditions de service).
Le 11 décembre 2019, le gouvernement a adopté le Citizen Amendment Bill (CAB). Cela a conduit à des manifestations à l'échelle nationale contre la marginalisation perçue des musulmans. Ces protestations ont été accueillies par une réaction brutale et disproportionnée incompatible avec une démocratie qui fonctionne. Tout citoyen du monde a droit à la liberté de réunion, d'expression et d'association. Nous - le mouvement syndical mondial - ne pouvons pas permettre que ces droits fondamentaux soient violés.
Le CGU soutient tous les travailleurs exerçant leur droit de se retirer de leur travail pour protéger la vie et le bien-être des travailleurs et de leurs communautés. Le CGU s’oppose à toute persécution du travail organisé, à l'oppression des citoyens, à la discrimination des communautés vulnérables et minoritaires et à toute répression des travailleurs et de leurs syndicats.
Nous sommes aux côtés des travailleurs de l'Inde - les jeunes, les travailleurs et travailleuses de l'Inde - qui luttent pour l'équité, la justice et les droits humains fondamentaux.
Le CGU et la CSI demandent au gouvernement indien de respecter ses obligations en vertu des normes internationales du travail et de veiller à ce que les États qui ont suspendu leur législation du travail annulent immédiatement ces mesures.