Le Syndicat des fonctionnaires des secteurs de l’agriculture, de la sylviculture, de l’élevage et de l’environnement (TARIM ORMAN-IS) a organisé un panel sur l’environnement intitulé « Un monde habitable est possible », avec le soutien de Syndicat à Syndicat. Parmi les participants au panel, qui s'est tenu le 7 septembre 2019 dans la province de Canakkale, dans le nord-ouest de la Turquie, figuraient des dirigeants et des membres du syndicat, des universitaires et des militants écologistes de premier plan.
Les participants ont évalué les projets miniers, qui ont provoqué un niveau élevé de déforestation de la montagne d’Ida ainsi que dans le reste du pays, et ont passé en revue leurs plans sur la manière de poursuivre la lutte contre la déforestation afin de renforcer la capacité d’activisme du syndicat. Ils se sont également rendus sur le site minier et ont fait une déclaration publique sur les effets des projets miniers sur l’environnement et sur la lutte du syndicat contre la mise en œuvre de tels projets à Canakkale.
En août 2019, des séquences filmées ont montré un vaste paysage forestier dénudé sur la montagne Ida, à Canakkale, pour lancer un projet d'exploitation aurifère dirigé par la société canadienne Alamos Gold Inc. et sa filiale turque Dogu Biga. Il a également révélé que le cyanure serait utilisé dans le traitement de l'or. Ces révélations ont suscité un vaste tollé et une grande manifestation de protestation, où près de 5 000 personnes ont marché dans la région. En conséquence, le syndicat a décidé de tenir le panel à Canakkale afin de renforcer son soutien en raison de la réaction du public.
Pendant ce temps, les activistes ont créé un camping et ont lancé une veille intitulée «Veillée pour l'eau et la conscience», le cyanure pouvant empoisonner l'eau potable de la région. Par ailleurs, TARIM ORMAN-IS avait déjà déposé un rapport indiquant que l’eau contaminée au cyanure, stockée dans une abaque d’un autre projet minier, avait été utilisée pour éteindre un incendie de forêt dans la région en 2018.
Au cours de la marche, Sukru Durmus, président de TARIM ORMAN-IS, a fait une apparition publique et a usé de son pouvoir de garde forestier pour fermer le site minier et bloquer l'entrée de la zone car la société détruisait les forêts et le système écologique de la région.
Durmus a déclaré: «TARIM ORMAN-IS se battra pour la protection de l'environnement et estime que la lutte pour l'environnement est une partie indissociable de la lutte des syndicats. Conformément à ce principe, nous avons fermé l’un des sites de production d’Alamos Gold, la société ayant agi illégalement en abattant 600 000 arbres au lieu des 45 000 prévus dans le permis initial. Nous sommes ici pour protéger 200 000 arbres, que l'entreprise prévoit d'abattre prochainement. Nous continuerons à nous battre sur le terrain et devant les tribunaux pour protéger cette région contre les effets dévastateurs des politiques néolibérales.
Selon la Fondation des Gardes Forestiers de Turquie, la destruction des ressources naturelles et la déforestation sont devenues des questions vitales et des manifestations depuis que la Turquie a approuvé 36 122 projets miniers, énergétiques et autres entre 2012 et 2017 situés sur un total de 246 257 hectares de terres boisées. À la lumière de ces chiffres, le syndicat mène campagne et met en œuvre tous les moyens légaux depuis plus de deux ans pour mettre un terme à tout projet, qu’il s’agisse d’exploitation minière ou de la construction d’une décharge, ce qui pourrait ouvrir la voie à la déforestation et endommager l'environnement.